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- vendredi 27 avril 2007lien permanent
Où aller aujourd’hui ? L'aval du Pont Romain? ...Non…Trop en contre-jour.
Besoin d’un refuge. La petite forêt de pins de La Rouvière des jours précédents. L’air y est frais après la courte pluie d’hier. Tout y est délicieusement immobile et comme suspendu.
Midi à la cloche. Je contemple accompagné de la 5° symphonie de Gustav Mahler. Un écureuil s’active dans les branches. J’entre aperçois la camionnette jaune du facteur. Je sors ma chaise un peu plus loin, au soleil.
De gros nuages se forment au dessus du Ventoux…jusqu’à atteindre le soleil. Bourdonnement d’un avion introuvable. De grosses fourmis travaillent dans les grosses mottes de terre dorées mêlées d’herbes des sillons de vignes labourés. Je me promène, en arrêt ça et là, devant la grandeur de ce paysage impassible ou cet alignement parfait de vignes que j’ai vu planter il y a quelques années. Je pousse jusqu’au chêne mort totalement nu et sec, au pied duquel embaume une aubépine en fleurs. A côté, un amoncellement de ceps arrachés et leurs jeunes feuilles condamnées. Tout près, camouflé sous des feuillages, un abri de chasseur pour guetter des oiseaux de passage innocemment attirés par un oiseau-leurre planté au bout d’une longue canne qu’ils ont coutume de fixer sur l’arbre mort.
Je reprends le Toyota et reviens près du champ récemment rendu à sa virginité minérale.
Tout m’incite au repos.
C’est bien l’orage qui tonne au loin, dans le Ventoux. Il fait lourd à présent. Le soleil joue à cache-cache. Des insectes s’énervent. Un merle siffle dans la chênaie. Ca gronde de plus en plus. Le ciel soudain vire au noir. J’observe, fasciné. Le vent se lève. Le Ventoux est dévoré par les nuages. Des rideaux de pluies ondulent de tous côtés. Le tonnerre résonne dans tout le massif. L’air devient humide. Des éclairs déchirent le ciel comme des lasers fous. Des corneilles craillent en vol désordonné. Le vacarme s’amplifie et la pluie se met à crépiter sur le toit du camion. Les feuillages s’agitent rudement. Un geai se planque en vitesse dans le premier arbuste. Malmenés comme des feuilles au vent, les oiseaux tentent d’en faire autant. Le Toyota est sévèrement secoué sous les rafales.
Alors que nous sommes sous la douche et en pleine bourrasque, le Ventoux redessine ses contours.
Attendre que la violence passe. Le Géant est maintenant une somptueuse masse bleue et rose fluorescente.
Des trouées s’ouvrent sur le bleu du ciel. L’air s’est rafraîchi. Au dessus de Nyons, les nuages s’illuminent de jaune.
L’orage s’éloigne pour agiter d’autres vies. Ici le calme revient. Je sors de mon abri. Les oiseaux chantent le retour du soleil. Un coq aussi.
2 hommes en tracteur viennent travailler une vigne. Ils me saluent comme un familier.
Je fais partie du paysage ? Du pays ?
Je mange quelques amandes fraîches, installe ma chaise face au Ventoux.
Cueilli quelques iris sauvages couleur « Ventoux ». Je les offre à Janine :
« C’est tout pour aujourd’hui ! »
« C’est bien ! », me répond-elle en riant.
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