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- mardi 20 avril 2010lien permanent
Quelques nuages blancs indolents dans le ciel bleu pâle.
Allongé dans l'herbe verte où foisonnent de petits pissenlits jaunes.
C'est ma première sortie printanière.
Retiré la veste, le pull, les chaussures, les chaussettes. Il fait chaud.
De larges plaques de neige persistent au sommet du Ventoux. Vent dans les pins et les feuillages.
Papillons voletant, petites bestioles ça et là.
Rares oiseaux dans l'immensité du ciel au dessus de cette terre déserte essentiellement plantée de vignes.
Un amoncellement de vieux ceps plus bons à rien, sèche au soleil en attendant d'être brûlé.
Un tracteur au loin se fait entendre; c'est l'heure de la reprise d'après-midi. Il va et vient entre les vignes, griffant la terre sèche.
Il s'arrête près de moi et stoppe son moteur:
(j'ai un peu honte d'être pieds nus)
_" Alors, ça y est , c'est la peinture? On vous connaît, on vous voit souvent ici...L'hiver a été dur...Le temps va encore tourner...Quoique... Dans quel sens vont les nuages? Ah!... Alors peut-être que...Si le mistral se maintient...Je vais aller plus loin pour vous laisser tranquille..."
Il insiste...
_"J'ai le temps"...
Un très beau profil de paysan comme un ancien boxeur, coloré, aux yeux bleus, et une superbe casquette irlandaise.
Un peu plus tard, je change de coin; un paysage immense, Piégon, Mirabel...
Merveilleuse unité du ciel et de la terre où tout se mêle, se confond, immergé dans une profondeur infinie.
Collines, villages, maisons, vignes, bois, arbres aux feuilles d'un vert tendre.
L'herbe lustrée, grasse par endroit, ondule.
La terre est sèche.
L'abricotier solitaire, en sentinelle, au sommet d'une butte, déploie ses toutes jeunes feuilles qui souffrent dans le vent encore froid...
Rangées de vignes tourmentées, aux bourgeons timides mais prometteurs!
Le cercle, le rond...Le vide, le plein...
Tous mes paysages, mes sujets, doivent en tenir compte.
Présent sacré.
Unique.
Seul.
Silence.
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